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On s'y risque

L’écriture ou la vie. Apaiser sa tourmente en suivant cette onde baignée de souvenirs qui perpétue une souffrance presque agréable. Une douleur qu’on accepte pour ne jamais oublier, pour rester encore un peu plus longtemps dans ce tourbillon de mémoire et jamais n’entrevoir de fin. Elle a un goût amer me disait-il, cette fin. Elle fait peur me disait-il, cette fin. Peur lorsqu’on ne connaît plus son début. Effrayante car tragique, me disait-il.

Alors on est de ceux qui appréhendent la fin, de ceux qui montent, tout en haut dans leur recul, là où la vérité de ce repos éternel nous résigne dans une tristesse qu’on saurait plus douce avec toutes ses spiritualisations. Les affres d’une idéalisation de l’après nous bousillent. Puis on rompt. On rompt avec ces placebos du cœur qui nous mènent à penser que, peut-être, cet œil qu’on aimait tant veille encore sur nous, ou nous observe juste, souriant depuis son petit coin de terre ou de ciel. Sommes-nous attendus ? Nul ne sait mais cela serait bien moins pénible que la pente abrupte d’une expiration violente ou d’une rupture tranchante. Cela serait moins cruel que ce cercle vicieux de la réminiscence. Ainsi tout s’inverse, on choisit de n’avoir peur de la fin que lorsqu’on en connait son début. On tente d'oublier ce commencement pour ne plus avoir à en retenir le dénouement. On se défend de l’affliction qui végète au fond de ce mec moyen en effaçant tout. La remplacer par le virus de la vie. Le nourrir d’existence et le laisser nous contaminer de l’intérieur. L'assaisonner de souvenirs quand tout va bien - car même si on l’oublie - ce passé navigue avec nous. Le vent des débuts nous guide tant que tout est en joie et la force de notre âme nous fait passer à travers la tempête de leurs épilogues.

Parfois, les mots ne suffisent pas. Et lorsqu’ils sont impuissants ou nous renvoient à des troubles qui nous hantent, l’acte se dessine comme l’ange-gardien qu’il nous manquait. Alors on se ne protège plus d’une fin qu’on redoute et on entame ce qu’on désire sans craindre son aboutissement. Et s’il finissait bien ce nouveau début ? Et si cette aventure était saupoudrée de bonheur ? On s’y risque. À Alexis, cet ami enchanté.