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On la poétise

Les lettres s’éteignent, lentement tamisées comme cette nuit de Juillet qui s’installe au milieu d’une soirée vide de présence. Souples et discrètes, elles plongent l’être dans un espace ténébreux qui n’est plus que sien. Un être qui, accompagné de grasses notes de piano endort ce chat qui à ses pieds soufflait encore la seule vie de cet intérieur bien monotone. Il signifiait celle qui battait sobrement le rythme d’une sentence qui ne saurait tarder. Un sommeil infini. Celui tant redouté par ce prophète qui ne dormait jamais. Ne point sombrer pour qu'elle n’apparaisse que lorsque le démon choisira d’envoyer Perséphone s’agenouiller devant un, prêt à le faucher.

Qu’est-elle, cette nébuleuse ? Qu’est-il, cet après ? Une élévation peut-être. Celle par-delà les éthers d’un esprit purifié par l’anéantissement de sombres chagrins. Elle oscille entre défiance et gravité. Elle rappelle parfois l’élégance d’une vaste nuit durant laquelle l’Homme devient un temple dans lequel on médite sur une vie qu’on a laissé confondre amour et ambition, beauté et apparence, splendeur et égocentrisme ou richesse et corruption. L’hypocrisie d’une odeur dérangeante. Rien d’autre que la métaphore de ce parfum d’inachevé qui éveille les sens du regret ou secoue les souvenirs de l’amertume d’un voyage endommagé. Il est ce tant classique parcours d’être humain, gonflé d’échecs qui écorchent d’un vif ensanglanté ou d’une poignante profondeur. L’étouffante ascension d’à travers ces années effacées.

Il faut n’être plus chez soi, même dans son cœur, pour parvenir à percevoir l’hirondelle qui prend la vie par ce courant qui mène aux portes d’un renouveau. Car le mauvais temps comme le soleil sont ces forces qui rendent nos souffrances plus belles. Celles qu’on appelle Résilience. Il n’est aucun hélas dans la mort lorsque l’on perce de rayons de lumière cet univers qu’on ne subit plus. Alors on l’écrit. Une page de plus dans le journal d’un second souffle, un mot de plus pour cet être gracieux, robuste et fort. Un monde neuf nous abreuve d’une vie sans mensonge, sans anxiété et dont l’agilité d’un cœur gonflé d’amour lève ce froid ténébreux qu’on ne saurait voiler de notre existence. On la poétise.