On y croit

C’est une fantaisie, ni plus ni moins. Une idée qui frappe aux portes de ce dimanche matin ensoleillé. Une illusion printanière dont l’arôme fait naître en soi l’idylle d’une vie débordante de sens dans laquelle la boussole n'indique que le chemin de la libération. On y voit la délivrance d’une fin d’une semaine que jamais l’on ne souhaite répéter. On y voit l'affranchissement de ce voyage qui n’est pas le nôtre. On y voit la fin de cette aventure dont nous ne serons jamais le héros. Il est temps, enfin, d’avoir le courage de refuser de fondre dans un lundi supplémentaire. De ne pas rester enchaîné à la mélancolie de ce sombre roman à la fin duquel notre ultime souffle s'avérera être écrit par la plume d’un autre.

Alors on décide d’écouter cette intuition, de la suivre quand elle nous aide à se délier de nos craintes. On se risque à lui faire confiance car c’est peut-être elle notre vérité. Celle qu’on se doit d’embrasser malgré l’intangible extravagance qu’elle représente. Malgré la force avec laquelle elle nous tord l’estomac. Elle n’est plus une lubie, ni un rêve. Elle n’est plus une excentricité ou une imagination, non. Elle se dessine comme une évidence au fur et à mesure que l’on suit son étoile. On comprend que c’était elle. Qu’elle était cette distorsion qu’on ne maîtrisait pas, celle qui nous incendiait de l’intérieur depuis des mois ; parfois subtilement, parfois avec fureur.

Mais elle ne brûle plus. Elle forme cet océan de possibles. Elle esquisse les chapitres qui racontent une vie qui désormais ne sera écrite que par nous-même. Une histoire dans laquelle les ratures seront nos tentatives d’expression. Un récit dont les mots seront nos pensées les plus singulières. Un recueil dont les plus beaux vers seront nos émotions. On choisit l’intuition comme compagnon de route, qui bien qu’encore étrangère, parvient à faire naître ce feu qui illuminera nos nuits. On laisse cet élan vital, souterrain et créateur nous envahir. On devient l’homme qui expose ce qu’il a de meilleur, de plus pur et de plus digne. Et si c’était là le secret des plus mystérieuses réussites ? Il n’y a pas plus belle flamme que l’on puisse aviver que celle qui est en soi. On y croit.