On s'apaise
Se cacherait-il derrière ce mec pour toujours ? Il savait quel inconnu il était, s’y perdait parfois, mais chaque jour l’affrontait. Il détestait la forme que sa colère prenait en lui lorsque ce fantôme l’animait sans raison. Lui ne voulait rien sentir. Il souhaitait qu’elle ne soit qu’un plongeon éphémère dans une eau froide qu’il réchaufferait à la force de son cœur. Il aimait la voir se noyer et ne plus sentir ce poids qui trop souvent écrasait sa tête. Jusqu’à la faire disparaître à tout jamais. Il tenait pourtant cette colère dans sa main, tiède et noire. Elle lui donnait envie de pleurer au fur et à mesure qu’elle fondait, calcinant sa paume avec ardeur. Cette infâme incandescence parviendrait une fois de plus à traverser sa peau, s'agrippant aux parois de son être.
Ce n’était alors plus juste le soleil d’un été enfin débuté qui l’étouffait, mais bien de pénibles flammes. Il était emprisonné au creux de ce violent bûcher, comme une sorcière qu’on aurait accusée d’être une femme dont l’âme fut supérieure à celle des hommes. Peut-on rendre cette lente douleur savoureuse ? Faire, par la force de sa conscience, s’abattre une pluie qui, bien qu’elle apaiserait ce brasier, laisserait l’angoisse de guérir cette peau consumée se traduire en une torture éternelle ? Il avait beau le rêver, cette souffrance n’avait aucune saveur.
Alors il piochait dans son étincelle amoureuse, dévoilant son humeur rebelle pour admirer cette grande beauté qui tapait sur son épaule. Elle savait, elle, ôter délicatement les marques de cire laissées par les brûlures de son écorce. Sans lui faire mal. Près d’elle, il pouvait fermer les yeux pour mieux entendre l’harmonie qui résonnait depuis son cœur. La tête posée près de son cou. Car c’était du creux de sa poitrine que lui parvenait cette mélodie lumineuse qui perturbait la sombre valse de son inconnu. Jusqu’à ce que le chuchotement de son désarroi ne devienne qu’un silence qui s’exile pour l’éternité. Il s’endormait, s’évadant au rythme de son rire qui propulsait ce vent frais dont l’emblème n’est qu’une vertigineuse douceur. À travers ses lèvres, plus jamais son repos ne serait troublé. Elle est une nuit pleine d’étoiles.