On survit
C’est fou comme ils nous tirent vers l’existence, comme cette forme privilégiée de rapports exalte notre réalité un peu plus chaque jour. On les connaît profondément et ils sont les seuls à comprendre l’impénétrable énigme que nous sommes. Sans eux, on prend le risque de se perdre dans cette solitude que nous redoutons. Sans eux, celle qui nous effraie tant peut allégrement nous flairer de son museau de peste, suffocant à la frontière de notre bonheur social et prête à nous happer vers un mal-être ravageur. La ligne est si fine que l’on n’a jamais pu croire à une vie utile sans celles de nos amis.
Ils ne sont pas moyens eux, pas à nos yeux en tout cas. On les aime car ils nous font rire, souvent. Et pleurer, parfois. On les aime car ils nous protègent comme si nous étions leur propre famille. On les aime car ils sont à nos côtés quand tout s’effondre, quand les mots simples ne suffisent plus. On les aime car ils ont le courage de nous déchirer le cœur pour nous faire grandir. On les aime car leur altruisme est sans limite, car ils nous souhaitent un bonheur qu’eux-mêmes n’ont pas le luxe de s’offrir. On les aime car ils nous sauvent, sans rien demander en retour - ou peut-être juste notre présence ou notre sourire.
Alors on s'interroge. Comment ce mec moyen peut aujourd’hui encore être si bien entouré ? Comment les yeux de nos amis, d’où une divine étincelle est partie le jour où l’on s’est rencontré, peuvent encore nous regarder avec cette espiègle complicité qui dépeint une douce amicalité ? On sait que nos amis méritent célébration dans notre calendrier, que l’univers qu’on a créé ensemble est notre ciment, un lien social idéal et perfectible, quelquefois semé de disputes, d'incompréhensions et de secrets. Mais quand les amitiés du bien, celles du respect et de l’admiration frappent à notre porte, c’est la puissance d’un vrai grand amour qui nous inonde.
Qu’ils soient peu ou en nombre, féminins ou masculins, lointains ou voisins, fêtards ou passionnés, ils sont ceux qui nous connectent à la plus grande version de notre être, à celle qui, sans amis, ne choisirait pas de vivre. L’amitié est inconditionnelle ; elle est notre vérité et notre liberté. On survit.