On l'affirme
Françoise a dit un jour qu’on pouvait mettre un peu de soleil dans son eau froide. Qu’on était tous pareils, qu’on déprimait et que - pouf - d’un coup, cela disparaissait à jamais. On demanderait bien à Gilles, le personnage principal de cette histoire, mais pour l’instant nous sommes tous calés dans une vie vicieuse et vertueuse à la fois. Et comme tous les mecs moyens d’une trentaine d’années, on galère.
On n'excelle en rien. On n’est jamais nul. On est diablement lambda, un peu défectueux et pourtant si fonctionnel à la fois. On ne se plaint pas de grand chose, tout nous va, mais on ne choisit rien (oui, le Choix avec un grand C, évidemment qu’on sait quel type de houblon on préfère). Notre vrai trac à nous, c’est le questionnement.
“Et toi ? C’est quoi ton truc ? Ton rêve ?”. Mon Dieu, on l’ignore.
Cela nous ramène à cette cloche professorale qui résonne et qui nous chante ce déchirant “peut mieux faire”. D’accord. Mais on fait quoi nous alors ? on attend sagement que notre dose de moyen nous emporte ? On laisse l’enfant si éveillé qu’on était dans la cour de récré’ et on se tire ?
On voulait être des hommes libres, jeunes, qui étonnent, courageux, bons et altruistes. On voulait décider de passer chacune de nos journées à rêver. On voulait ne jamais à avoir à faire le vide, à décharger. Mais, la vérité nous a heurtée, sidérante et cruelle. Elle nous a sorti de notre déni d’adolescent. C’est fini, on a grandi, on a 34 ans et on le constate un peu plus chaque jour : on est moyen mec.
Après tout, vivre moyennement, ce n’est pas si mal. De toute façon, y’a pire comme dit l’autre.
En fait non. On refuse un tel constat.
On vous emmerde.
On vous présente l’histoire de ce mec moyen, de ces mecs moyens, de ceux qui ont laissé leur audace prendre les devants et se sont jetés sur la piste de danse (et qu’est-ce qu’on danse mal). Ceci est une révolution du soi, une marche contre le moyen qu’on fera ensemble. On prend sa pancarte liberté, on secoue ce trentenaire abasourdi par la vie et on s’en va refaire connaissance avec l’extraordinaire bonhomme qu’on était. On l’affirme.