On se calme

On se battra, on se battra, on se battra... Ce sont des mots qui nous hantent chaque jour et chaque nuit de notre moyenne existence. Qu’elles soient internes ou dévouées toutes entières à autrui, on ne cesse de faire face à des luttes qui plus d’une fois nous dépassent, peut-être qu’un peu, mais bien souvent largement. En silence, des addictions nous consument, des fardeaux nous accablent et des sentiments viennent encore percer ce cœur spongieux qui, toujours plus comprimé, laisse saigner ce déluge d’émotions qui nous blesse, nous déchire et néanmoins nous construit.

Anonymes, comme tant d’autres, on vit sur la pointe des pieds, on s’accorde de nos défauts, on embrasse nos faiblesses et on laisse le goût des évasions interdites nous envahir. On fume, on joue, on boit. On baise parfois. Et même si l’on n’aura rien produit sur cette Terre, on continue de danser, d’abuser du monde et de ses méfaits avec le sourire et le visage de nos amis. On n’a beau n’être qu’un moyen “addict” aux drogues de cette complexe humanité qui nous fonde, on n’oublie jamais d’être là, tout entier. C’est d’ordinaire ce que l’on souhaite. Sauf qu’on est pris dans cette minuscule cellule, au milieu de ce tourbillon de la vie. Et lorsqu’on ne veut pas que le monde nous voit car on sait qu’il ne comprendra pas qui nous sommes, nous nous réfugions dans la dope et la gnole. On passe dans ce monde en poursuivant nos chants, éméchés et heureux mais pourtant bien ancrés dans cette ombre si obscure qu’est notre vie. On grelotte, essoufflé de rebondir contre ce qu’on ne contrôle pas : ce soi un peu moyen et cette volonté qui rompt constamment.

C’est drôle comme la fatalité prend toujours ce même visage qui nous appartient, comme on la regarde dans les yeux et qu'on refuse de la subir une fois de plus. Alors au milieu du fracas, on saisit cette main qui se tend, douce et salvatrice, cette main miraculeuse qui nous délivre de nos démons. On s'agrippe à ce qui nous relève et le reste s’efface. On avance vers la lumière et on se soigne. On pose son verre, berce son ego et on se laisse porter vers des sens retrouvés et l’exaltation de déguster une vie pleine de couleurs et de saveurs. On se calme.