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On renaît

Un accident. Une ivresse troquée contre l'inattention. Un regard perdu, échangé contre ces secondes qui coûtent chères, contre cet impact violent, contre ces rouges héros qui vous ramassent, inerte au fond de votre mort. La vie s’amuse à installer ce doute dans ces instants-là. Est-elle encore éveillée ? Est-elle capable de nous sortir d’un coma ? Est-elle en mesure de jouer avec l’illusion d’une résurrection ?

On ne se souvient de rien mais on ouvre un œil. Cet œil qui, même sans miroir, perçoit à quel point ce mec moyen est salement amoché. On est pourtant chanceux vu de l’extérieur. On est de ceux qui prétenderont sortir de cette suffocante réanimation. Alors ils ne verront que la partie neuve, que la peau reconstruite, que les blessures pansées et les hématomes résorbés. Ils ne verront qu’un sourire en façade, qu’un corps qui bouge comme avant, qu’une voix qui sonne comme avant, que des mains qui effleurent leur visage. Comme avant. Ils ne verront que l’ombre d’un tout qui reprend sa vie, comme d’habitude. Comme si de rien n’était. Ils ne discerneront jamais l’intérieur qui se brise en même temps qu’un pare-brise qui vole en éclat. Ils ne distingueront pas l’esprit qui s’étouffe telle la tôle qui se comprime lors du choc. Il n’y aura rien d’indélébile pour eux. Mais certaines choses s’encrent en l’épiderme.

C’est l’histoire universelle de ces moments qui font basculer la vie. C’est l’histoire de ceux qui ont fait du chaos des épisodes un peu plus doux. C’est l’histoire d’un pompier, d’une infirmière, d’un aide-soignant. C’est l’histoire d’une médecin, d’un professeur, d’une psychologue. C’est l’histoire de ceux qui parfois ne nous sauvent pas mais qui jamais n’abandonnent. C’est l’histoire de ceux qui ne dorment pas pour qu’on se répare. Puis il y a ceux qu’on aime et qui balaient tout sur leur passage. Ceux qui balaient la douleur et la peur ; qui serrent votre main à la force de leur propre vie. Ils sont ceux qui jamais ne disparaîtront de ce cœur qui a choisi de battre pour continuer de les remercier sans le crier. On se souviendra à jamais de ces rayons d’optimisme qui brûlaient la souffrance. C’est la fin d’un chapitre mais pas de l’histoire. On renaît.